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interview antoinette guhl dans le podcast AEC

Comment accélérer la transition vers l’économie circulaire à l’échelle d’une ville ?

Il y a quelques jours je rencontrais Antoinette Guhl, adjointe à la Maire de Paris chargée de l’économie sociale et solidaire, de l’économie circulaire et de l’innovation sociale, élue du 20e arrondissement pour ce 15ème épisode du podcast.
Pendant cette interview d’une trentaine de minutes à la Mairie de Paris, Antoinette me parle des projet concrets mis en place localement et de la vision portée derrière une telle démarche. De quoi se mettre à jour sur le plan d’actions économie circulaire de Paris et sur la vision sociale et écologique portée par l’adjointe et la Ville de Paris.

 

Après avoir travaillé dans la microfinance en Afrique, Antoinette Guhl fonde et co-dirige une structure qui a pour missions de redonner vie aux vieux jouets tout en accompagnant le retour à l’emploi; REJOUÉ. En 2014, elle se présente en tant que candidate écologiste dans le 20ème pour les élections municipales de 2014. Elle rejoint alors la délégation, suite à l’élection de Anne Hidalgo, pour mener la politique publique de l’économie circulaire dans la ville de Paris.

Avant de rentrer dans le détails des projets mis en place et du rôle de la Ville dans l’évolution des pratiques de consommation, de production et de coopération sur le territoire, Antoinette Guhl nous rappelle que l’économie circulaire existe depuis très longtemps. Selon elle, il s’agit « d’une économie qui ne pollue pas nos plages et permet à notre sable d’y rester, plutôt que de terminer dans nos bâtiments. ».

 

En tant que capitale française, Paris doit montrer l’exemple si nous voulons que l’action s’étende et perdure. C’est pour cette raison que le sujet a été abordé dès 2014 au niveau de la ville, alors même que le principe d’économie circulaire n’a été inscrit dans la loi de transition énergétique et pour la première fois dans les textes législatifs, qu’en 2015. La politique d’économie circulaire de la ville est participative. Elle se traduit entre autre par sa co-écriture (ndlr « écrite à 250 mains »), traduite par la suite en actions clefs pour la parution de la première feuille de route en 2016.

 

 

Voici quelques actions de la 1ère feuille de route (2016), dont le bilan vient d’être partagé au Conseil de Paris :

> La création de 20 ressourceries d’ici 2020 pour Paris, dont la Recyclerie ou la Textilerie.

> L’ouverture de l’espace/démonstration la Maison des Canaux dans le 19ème arrondissement : un espace entièrement rénové en économie circulaire et solidaire avec un taux de valorisation par réemploi, réutilisation ou recyclage de 92%, sans surcoût p/r à une rénovation « classique ».

> La modélisation de l’économie circulaire dans la filière bâtiment.

> D’un point de vue des consommateurs, il y a également la volonté d’accompagner les comportements avec l’ouverture de magasins en vrac ou d’espaces de réparations.

 

« Nous vivons un retour du collectif et du commun et l’économie circulaire propose la protection des communs et la solidarité en(tre) entreprise. »

 

Dans une ville d’affaire et de services, comme Paris, plus qu’industrielle, il a été nécessaire d’aborder l’économie circulaire sous l’angle des convergences et mutualisations entre entreprises. C’est comme ça que le quartier circulaire des Deux Rives a vu le jour. Grâce à une plus grande coopération et à une vision partagée, les entreprises, associations et acteurs publics du quartier mutualisent leurs ressources, échangent des services ou des sous-produits et développent une communauté qui participe à rendre le quartier plus vivant, plus convivial et plus efficient.

 

À travers ces multiples projets la municipalité parisienne prouve qu’elle a un rôle à jouer dans l’accélération des actions en faveur d’une économie respectueuse des hommes et de l’environnement. En tant qu’instigateur et opérateur, le rôle de la ville semble se diviser en trois piliers fondamentaux :

> Créer la demande et les conditions du marché, notamment à travers la commande publique, pour impulser, favoriser et accélérer la prise de conscience et la mise en place de solutions. Ce rôle là est également un rôle de contrainte.
> Mettre en place des solutions localement sur des compétences et responsabilités propres à la ville comme sur la collecte et la gestion des biodéchets
> Fédérer les acteurs avec la création d’un mouvement de personnes physiques et morales qui agissent déjà.

En résumé, pour activer l’économie circulaire la ville peut et doit impulser l’offre et créer la demande.

 

Les pailles en plastique seront désormais interdites dans les équipements municipaux.

 

Si ces projets et ce modèle sont portés par la ville, c’est bien parce que se cache derrière une solution intéressante aussi bien pour la population que pour les entreprises. Selon l’adjointe, la population parisienne est sensible aux sujets de l’économie circulaire et aux solutions alternatives telles que la vente au vrac, les ressourceries, etc. qui améliorent le bien-être et recréent du lien social. En ce qui concerne les entreprises, cela favorise une plus grande résilience, la création d’emplois et l’optimisation des ressources. Et pour celles qui ne seraient pas convaincues ? Antoinette Guhl pense que bientôt elles n’auront plus le choix car les politiques les engageront dans l’économie circulaire.

 

La ville de demain produira elle-même, tissera des solutions équitables avec les territoires voisins ruraux ou urbains.

 

Sa vision de la ville de demain ? Une ville beaucoup plus territorialisé, avec une vie de quartier et une industrie de petite taille qui s’adapte aux quartiers et aux habitants à proximité. Ce modèle est selon elle plus local et donc, plus résilient. Car l’économie circulaire c’est aussi réussir à travailler sur l’ensemble d’une industrie pour garantir l’utilisation de biens à proximité.

 

Pour boucler la boucle et conclure ce podcast, Antoinette Guhl nous parle du Smival Market, un projet qui l’inspire. Et comme la nature est bien faite, nous avions déjà rencontré et interviewé Nicolas Senechau pour l’épisode #7 du podcast.

 

  • En opposition à cette vision positive de l’économie et du lien social, elle cite le projet  d’exploitation minière « Montagne d’or » en Guyane, aux nombreux impacts humains et environnementaux. (La pétition c’est par ici)
  • En référence, elle cite Navi Radjou qui travaille sur le sujet de l’innovation frugale
  • Pour information, suite au bilan positif de cette première feuille de route, la municipalité poursuit son engagement avec l’adoption d’une deuxième feuille de route.

 

Un grand merci à Antoinette pour son temps, ses actions et son soutient.
Vous êtes entrepreneur et souhaitez porter des projets en faveur d’une économie circulaire à Paris ? Vous êtes habitants de la ville de Paris et souhaitez participer aux actions ? Vous êtes à la recherche d’inspiration ou de partenaires ?

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Justine LAURENT

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