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Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

Dans la nature, depuis plusieurs milliards d’années, la notion de déchet n’existe pas. Les « déchets » d’un être vivant, c’est à dire ce qu’il produit en trop, constituent les nutriments, la nourriture, d’un autre. Les ressources circulent d’un individus à un autre, d’un endroit à un autre. Elles gardent constamment une valeur tout en se transformant et en servant différents besoins et usages. Il n’y a pas de matière dernière mais que des matières premières : c’est un système circulaire.

 

90% de ce que l’on achète est jeté dans les 6 mois.

 

À l’inverse, dans notre société actuelle nous extrayons les matières premières de la Terre, qui sont limitées, qui serviront à produire mais également à composer des biens, auquel une valeur, souvent monétaire, sera attribuée, pour servir une utilisation souvent ponctuelle. Par exemple, pour produire une bouteille d’eau nous extrayons et utilisons, entre autres, du pétrole et de l’eau.

La valeur sera réellement délivrée lorsque l’utilisateur en fera usage. L’utilisateur boit l’eau qui se trouve dans la bouteille. Lorsque le produit perd sa capacité d’exercer sa fonction première, ou est rendu obsolète de manière naturelle ou programmée, il perdra sa valeur pour le consommateur, sera considéré comme un déchet et dans la majorité des cas jeté ou recyclé. Une fois la bouteille vide, elle n’a plus de valeur pour le consommateur qui souhaitait boire, elle terminera donc à la poubelle.

 

Vous l’aurez donc compris, en opposition aux systèmes naturels qui fonctionnent en boucles de coopération, le fonctionnement de notre économie aujourd’hui, sur laquelle se base le développement des sociétés et des individus, est linéaire.

 

 

 

 

Prenons l’exemple du secteur de la cosmétique-beauté. Aujourd’hui, nous considérons que certains grands leaders du secteurs emploient autour de 30% de matières d’origine végétales pour la composition du produit et en particulier des actifs – ceux là même qui donnent ses bienfaits au produit -, auquel nous ajoutons des ingrédients et additifs, et même de l’eau. Cette solution pour être délivrer va être fournie dans un contenant et souvent un emballage, en plastique.  

Sans compter le fait que 30% des 80 millions de tonnes de packaging plastiques produits chaque année (tout secteur confondu), finissent dans les océans, rien qu’aux États-Unis ce sont 3,5 tonnes de savons solides qui sont jeté chaque années dans les hôtels. Le plastique étant issu de pétrole (i.e l’or noir), les savons de matière végétale, c’est un gâchis énorme de ressources potentiellement exploitables. Sans parler des dommages collatéraux sur la pollution des eaux, des sols et de l’air.

Ces produits, qu’ils soient sous forme de savon solide ou de shampoings en bouteilles, ont été conçus de manière à permettre à l’utilisateur de se nettoyer. Pour améliorer son expérience, nous y avons ajouter des parfums, des textures, des odeurs. Il ont été designés pour l’utilisateur.

Le design est une méthodologie créative de résolution de problèmes, qui vise à améliorer la qualité de vie. Le design est aujourd’hui appliqué de manière à concevoir des biens et services répondant aux besoins de l’utilisateur – à travers un esthétisme, une forme, une ergonomie particulière -. Néanmoins, il ne prend pas en compte les besoins de l’Environnement, celui là même dans lequel l’utilisateur évolue et dépend, et qui passe en premier lieu par la prise en compte de la fin de vie du produit, de ses composants et matériaux.

 

Aujourd’hui 70% des déchets sont toujours incinérés ou enfouis.

 

Le fonctionnement linéaire de la société n’est pas viable à long terme, l’accumulation des déchets toxiques et la raréfaction des matières premières le prouvent. Et le recyclage me direz-vous? Il ne représente que 30% des déchets, les 70% autres sont enfouis ou incinérés, un impact énorme sur la planète et un gâchis colossale de matière, et de valeur(s).

Une transition vers un modèle plus pérenne s’impose. Pour cela quoi de mieux que d’en revenir aux systèmes naturels qui ne cessent de se développer et d’évoluer depuis 3,8 milliards d’années, et de faire preuve de résilience (ndlr la capacité de résistance à un choc) à travers des cycles de vie des ressources, pour les observer et s’en inspirer. Ce principe s’appelle le biomimétisme et nous permet d’envisager un modèle circulaire, plutôt que linéaire, applicable à nos modes de production et de consommation.

 

L’économie circulaire est un cycle de développement positif continu qui préserve et développe le capital naturel, optimise le rendement des ressources et minimise les risques systémiques par la gestion des stocks et des flux de ressources.

 

D’après la fondation Ellen MacArthur l’économie circulaire  » […] est par nature restaurative et régénérative et tend à préserver la valeur et la qualité intrinsèque des produits, des composants et des matériaux à chaque étape de leur utilisation. Le concept distingue les cycles biologiques et techniques.

Tel qu’envisagée à l’origine, l’économie circulaire est un cycle de développement positif continu qui préserve et développe le capital naturel, optimise le rendement des ressources et minimise les risques systémiques par la gestion des stocks et des flux de ressources. Un système qui demeure efficace quelle que soit l’échelle. « 

Les différentes étapes de la boucle :

Utilisation : optimisation et allongement de la durée d’usage
Réutilisation : utilisation pour le même usage, par un tiers par exemple.
Réparation : Remise en état d’un bien pour lui redonner sa fonction
Refabrication ou réemploi ou remanufacturing : transformation des produits ou composants arrivant en fin de vie comme ressources pour fabriquer des produits identiques, plus performants ou nouveaux ou pouvant servir un autre usage.
Recyclage : traitement et transformation de la matière, pour réintroduction dans le processus industriel.

Le schéma de l’économie circulaire propose de créer un système (économique) vertueux qui allonge la durée de vie des matières, composants et produits et optimise leur valeur d’utilisation le plus longtemps possible, pour le plus d’utilisateurs possibles. L’objectif perçu étant le développement de l’économie, des individus et des écosystèmes naturels qui les entourent.

 

Pour reprendre l’exemple de la Cosmétique-Beauté nous pouvons citer la marque Lush. Cette entreprise engagée et bien positionnée chez les consommateurs, a intégré a son développement bien plus que la simple offre de produits de qualité, mais bien l’impact de cela sur l’environnement des utilisateurs et donc des écosystèmes naturels. 

L’une de leur initiative consiste à collecter auprès de leurs clients les pots contenant leurs produits pour les recycler dans un objectif de boucle fermée. Après les avoir collectés en magasin, ils valorisent la matière et en fabrique de nouveaux avec cette même matière. Ils permettent ainsi d’allonger la durée de vie des ressources composants le plastique, mais également d’éviter l’extraction de nouvelles matières primaires pour la production des pots. Cela est rendu possible car leurs pots ont étés conçus de manière à être recyclables (pots noirs).

 

 

La conception du pot a donc intégré la dimension utilisateur pour sa fonction et son utilisation, mais également la dimension environnemental grâce à un plastique pouvant être recyclé et à une expérience en magasin favorisant la collecte.

 

80% des impacts d’un produit se décident à l’étape de la conception.

 

Le fait de concevoir pour l’utilisateur mais également pour le système qui l’entoure, nous appelons cela le design circulaire.
Le design circulaire est une méthode d’application de l’économie circulaire qui met un poing d’honneur à penser la fin de vie et les externalités du produit et des compostants dès sa conception, ainsi que les externalités tant à l’extraction qu’à l’utilisation, en adoptant une vision systémique : intégrer l’utilisateur, l’entreprise mais également l’ensemble du système alentour.

Pour développer des produit et services holistiques, qui servent le plus grand nombre avec un maximum de valeur(s), le design circulaire suggère d’intégrer non seulement la viabilité (un produit ou service rentable économiquement) ou la faisabilité (une capacité technique de produire) mais également la désirabilité (observer et comprendre les besoins utilisateurs) et la circularité (l’impact sur l’environnement et la fin de vie des ressources).

 

Reprenons l’exemple de Lush. Au delà d’un simple projet de « recyclage », ils placent au coeur de leur création de valeur(s) l’individus et son environnement à travers une politique social et environnemental.

Leur raison d’être ?  Prendre soin des individus et leurs environnement.

Leur impact ? 1000 magasins dans 49 pays.

Cela commence par le respect et la défense de la cause animal; aucun de leurs produits n’est testé sur des animaux et il refuse même d’aller en Chine, malgré les opportunités marchés, car il leur serait obligatoire de le tester sur des animaux, et cela ne fait pas de sens.

 

 

En plus de la cause animal qui leur est cher, leur intégration des enjeux environnementaux est concrète et assumée.
Dans l’objectif de réduire leurs consommation de matières et d’énergie et de diminuer l’extraction de matière, ils favorisent la conception de produits sans emballages. Quand cela n’est pas possible pour des questions de composition, ils proposent cette solution de pots « 100% recyclés et recyclables » en encourageant la réutilisation, avant le recyclage.

Au delà du simple impact environnemental, cela leur permet d’envoyer un message très positif à leurs clientèle et de la sensibiliser à des gestes plus responsables et respectueux, pour étendre la portée de leur conscience et impact.

 

 

Cela marche si bien, qu’il n’ont pas besoin de faire de publicité…Ils préfèrent investir dans des ONG ou des associations pour continuer à prendre soin des individus, et des ressources naturelles.

 

La marque a réussi à créer un système circulaire vertueux et viable, avec 30% de croissance chaque année elle se positionne aujourd’hui comme un des leaders de la cosmétique. Présent dans une grande partie du globe, ses dirigeants, ses collaborateurs et ses client font la promotion d’une consommation responsable et prouvent qu’un tel modèle peut tout à fait être viable.

 

 

Là ou Lush s’intéresse majoritairement au contenant, SapoCycle, une entreprise suisse, redonne de la valeur au contenu. Leur solution propose de valoriser les savons solides jetés par les hôtels en les collectant et les réemploi pour les distribuer aux gens dans le besoin. Ils pallient de ce fait au système absurde qui pousse à jeter un bien lorsqu’il n’a plus de valeurs à nos yeux, alors qu’il a une valeur, et non des moindres, pour un autre.

Ces exemples nous permettent de mettre en avant des principes de circularité « en action » et les impacts positifs de la pensée systémique et de l’économie circulaire. Il est évidemment toujours possible d’améliorer et de faire mieux, mais ils représentent là des premiers éléments de solutions. L’objectif est de garder en tête, que plus qu’une simple circulation des ressources pour réduire les impacts négatifs, l’économie circulaire propose de créer des impacts positifs pour le plus grand nombre. Il est donc tant d’agir pour régénérer les écosystèmes forestiers, dépolluer les sols, recréer de la biodiversité… Il n’existe pas encore de projet d’aussi grande envergure, mais nous espérons de tous notre cœur en présenter un jour.

 

Auteurs : Justine et Félix
by Wiithaa